Donald Alexis Acakpo, ex-DG de l’Office béninois des sports scolaire et universitaire (OBSSU), pensait sans doute pouvoir jouer sur plusieurs terrains à la fois.
Mais à force de jongler avec les caisses publiques et les « projets d’investissement » douteux, le voilà rattrapé par la patrouille, et pas n’importe laquelle : la CRIET, cette bête noire des affaires sombres au Bénin, vient de mettre dans le même sac deux gros dossiers explosifs un détournement présumé de 2,6 milliards FCFA à l’OBSSU et une escroquerie de 219 millions FCFA à un particulier.
Le lundi 7 avril 2025, la juridiction spéciale a décidé d’unir les deux procédures. Une décision lourde de sens qui confirme ce que beaucoup suspectaient : les frontières entre les magouilles administratives et les arnaques privées sont parfois aussi floues qu’un contrat sans appel d’offres.
Petits arrangements entre amis… et fibre de coton
Dans ce feuilleton judiciaire à plusieurs bandes, le casting est plutôt bien rodé : Donald Acakpo, son ex-comptable, et surtout Roland Zossou, l’ami fidèle devenu le partenaire de trop. Le trio est accusé de détournement de fonds publics, blanchiment de capitaux, escroquerie, et cerise sur le gâteau d’avoir tenté de couvrir tout ça avec une histoire d’intermédiation sur le marché du coton. Rien que ça.
Et c’est là que l’histoire bascule dans l’absurde : les 219 millions FCFA arnaqués à un particulier auraient soi-disant servi à acheter de la fibre de coton. Même destination pour une partie des 2,6 milliards sortis des caisses de l’OBSSU. À croire que le coton béninois est devenu une planche de salut pour justifier tous les trous dans les budgets.
Acakpo nie, Zossou assume, et la justice réunit les pièces du puzzle
Fidèle à sa ligne de défense, Donald Acakpo plaide non coupable dans les deux affaires. Même posture pour son ex-comptable. Seul Roland Zossou lâche du lest, reconnaissant sa culpabilité dans l’escroquerie. Un aveu qui vient ajouter une belle épine dans le pied de l’ancien DG, dont le dossier se corse à mesure que les lignes judiciaires se croisent.
Une jonction, un signal fort et un procès qui s’annonce corsé
En ordonnant la jonction des deux dossiers, la CRIET ne fait pas que gagner du temps : elle envoie un message limpide à tous les gestionnaires de fonds publics. L’ère des mallettes ouvertes, des copinages d’État et des détournements en costard-cravate pourrait bien avoir trouvé un frein… du moins pour ceux qui se font prendre.
Rendez-vous donc à la prochaine étape : le procès, quand l’instruction sera bouclée. Et là, fini les subtilités de procédure : les faits parleront, et les millions envolés devront bien atterrir quelque part.
Nel Charbel KOFFI