Invité le lundi 3 mars 2025 sur la télévision nationale, le Père Éric Aguénounon, directeur de l’Institut des Artisans de Justice et de Paix, a tenu à dissiper les malentendus alimentés par certaines interprétations erronées sur le rôle de l’Église dans la sphère politique.

Dans son intervention, il a précisé que les positions de l’Église s’inscrivent dans sa doctrine sociale et qu’elles n’ont aucune connotation politique, encore moins celle de l’opposition.

« L’Église ne s’égare pas »

Face aux interrogations récurrentes sur l’attitude de l’Église catholique, notamment ses prises de position qui appellent parfois à une reconsidération de certaines décisions gouvernementales, le journaliste Hermann Amègan lui a posé la question suivante :
« L’Église ne s’égare-t-elle pas ? »

Sans hésitation, le Père Aguénounon a répondu fermement : « L’Église ne s’égare pas. »

Pour lui, l’homme est un être composé d’âme, de corps et d’esprit, vivant en communauté. À ce titre, toutes les questions liées à la paix, à la justice et au bien-être social concernent également l’Église. Il souligne qu’il serait réducteur de limiter l’Église à une simple entité dédiée aux rites religieux.

« L’Église est au cœur du monde, et avec le Concile de Vatican II, nous avons compris qu’elle est le sel de la terre et la lumière du monde. »

Un rôle traditionnel de l’Église

Le Père Aguénounon rappelle que la mission de l’Église trouve son fondement dans sa doctrine sociale. Il insiste sur le fait que l’Église regroupe des électeurs et des citoyens qui ont pleinement le droit de s’exprimer sur les questions touchant la vie publique.

Il estime qu’il est malhonnête de prétendre que l’Église se limite à initier des dialogues, encourager la réflexion et promouvoir la fraternité. Il s’interroge sur les raisons de cette confusion, surtout dans un contexte où de nombreux dirigeants politiques revendiquent leur appartenance au catholicisme.

Le prêtre rappelle que l’Église est active au Bénin depuis 1861, notamment dans les domaines de l’éducation, de la santé et de la formation. Il cite des figures emblématiques comme Bernardin Cardinal Gantin, Monseigneur Adimou et Monseigneur Sastre, qui ont joué un rôle majeur dans l’accompagnement des gouvernants pour instaurer une société plus pacifique. Il évoque également Monseigneur Isidore de Souza, soulignant que de nombreuses actions de l’Église restent méconnues du grand public.

L’Église et son engagement constant

Le Père Aguénounon clarifie que l’Église ne s’implique pas directement dans les affaires politiques. Il rappelle que les évêques publient régulièrement des lettres pastorales, tant au niveau national qu’au sein des diocèses.

Par ailleurs, il met en avant la création de structures comme l’Institut des Artisans de Justice et de Paix et l’aumônerie des cadres et personnalités politiques, qui visent à soutenir la démocratie et la cohésion sociale.

« Ce n’est pas parce qu’on exprime une idée ou une pensée contradictoire que l’on est une opposition »,a-t-il affirmé.

Enfin, il souligne que les encycliques papales visent à éduquer les peuples et les civilisations. Il conclut en réaffirmant que l’Église n’est pas une opposition politique, mais qu’elle a pour mission de faire des observations pour promouvoir la paix et la justice.

SONOUKON Josué (stag)