EXCLUSIVITÉ : L’intégralité de l’entretien avec Mickaël Poté, directeur du développement de Coton FC
- mai 11, 2025
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C’est une nouvelle ère qui s’ouvre à la tête du club de Ouidah, Coton Football Club. Le lundi 17 mars 2025, l’ancien international béninois Mickaël Poté a été nommé au poste de directeur du développement du club. La signature du contrat a été officialisée en présence du président du club, Lionel Talon, et des membres de la direction générale.
Approché par notre rédaction, le nouveau directeur du développement s’est confié à notre micro. Sans langue de bois, il est revenu, entre autres, sur les coulisses de sa nomination, ses motivations, sa mission, son intégration au club, sa relation avec le président Lionel Talon, ses objectifs personnels et son avenir avec le triple champion du Bénin.
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Dynamique Infos : Félicitations, Mickaël Poté, pour votre nomination ! Comment avez-vous accueilli cette nouvelle responsabilité ?
Mickaël Poté : Merci beaucoup ! Comment j’ai accueilli cette nouvelle ? C’était un petit peu dans l’air depuis un certain temps. Ma démarche n’est pas quelque chose de caché ma proximité avec Lionel Talon, qui aujourd’hui est dans le milieu professionnel mon président, mais qui, dans la vie de tous les jours, est comme un frère, un petit frère. Voilà, il y a une entente qui date depuis un certain temps, et la logique a fait qu’on s’est retrouvés à travailler ensemble.
Pour le moment, la collaboration se passe très bien. Vous savez, dans la vie, on peut bien s’entendre avec quelqu’un, mais après, dans le travail, il faut quelque chose de particulier. Mais là, Dieu merci. Ce n’est que le début, mais pour l’instant, on est alignés, et mon intégration au club, avec Victor Zvunka, avec Joël Debailly…, s’est faite vraiment de manière très fluide. Je ne citerai pas tout le monde, mais je crois que les personnes importantes, qui font que mon intégration, et bien sûr Lionel, se fait de la plus belle des manières.
Je suis très ravi parce que c’est ce que je voulais faire, c’est-à-dire… J’ai eu des sollicitations de part et d’autre, j’ai eu à travailler à la télé à Abidjan, j’ai travaillé aussi en Europe, j’avais eu beaucoup de demandes, mais il me semblait logique de revenir sur mes terres et de donner ce que je peux encore apporter, continuer à transmettre à mon peuple. Et pour moi, c’est l’une des plus belles manières de faire ça.
DI : Comment s’est fait le contact ? Vos relations avec le président Lionel Talon ?
MP : Lionel Talon et moi, on se connaît depuis un certain temps, on a accroché, comme j’ai dit, en dehors du terrain. Donc voilà, le contact était déjà là. Maintenant, il fallait savoir si on allait travailler ensemble ou pas. Et particulièrement, quand j’ai pris la décision de rentrer en Afrique en Côte d’Ivoire ou au Bénin , on est naturellement entrés en contact. On a parlé, on a échangé. C’était déjà dans l’air depuis un certain temps, depuis quelques années déjà, on en parlait : pourquoi pas ? J’avais même éventuellement eu l’idée de peut-être finir ma carrière ici quand je dis “ici”, je veux dire au Bénin. Donc on en parlait, mais naturellement, j’ai continué sur une autre voie, et aujourd’hui, voilà.
La relation avec Lionel se passe très bien. Dans le travail, c’est mon président, et quand les choses sont bien respectées, que chacun est à sa place, ça ne peut que marcher. Et dans la vraie vie, c’est un frère, un frère à moi. Et puis voilà, chacun est à sa place. J’apprécie beaucoup, et lui aussi est dans la même lignée que moi : vraiment faire en sorte que, pas seulement Coton FC, mais que le Bénin se développe. Donc je rentre dans cette continuité-là, dans cette dynamique, dans cette mentalité-là, et les choses se passent très bien pour l’instant.
DI : Qu’est-ce qui vous a motivé à accepter ce poste au sein de Coton FC ?
MP : Je suis quelqu’un qui aime transmettre. J’ai transmis, je l’ai fait avec mon académie. Quand j’ai vu un club comme Coton, ce qui m’a aussi motivé, mis à part la proximité que j’avais avec le président Lionel, c’est surtout le professionnalisme qui a été mis en place en si peu de temps. Quand tu crées un club, ça demande souvent un certain nombre d’années pour émerger, et Coton FC a eu cette faculté à vraiment avancer plus vite que la moyenne. Il ne faut pas s’arrêter en si bon chemin.
Je pense que je suis l’élément qui pourrait parce qu’ils ont été champions sans moi trois fois je pense être l’élément qui pourrait justement continuer à développer, à faire émerger le club, d’où, d’ailleurs, mon titre de Directeur du développement du football . Je pense que j’intègre bien ce rôle, et c’est un peu dans la continuité, c’est-à-dire mettre en place le centre de formation et faire en sorte que l’équipe première continue à être au plus haut niveau, sur la scène locale tout d’abord, et ensuite africaine, si ce n’est plus après s’il plait à Dieu, Inchallah.
DI : Vous avez eu une riche carrière de joueur. Comment allez-vous mettre cette expérience au service du club ?
MP : Oui Dieu merci, j’ai eu une riche carrière, j’ai beaucoup bougé, j’ai beaucoup voyagé, j’ai appris beaucoup de choses et je continue à apprendre. Et voilà, comme je l’ai dit, on transmet les choses, on essaie de faire éviter les erreurs qu’on a eues à faire, ne serait-ce que dans les choix, ne serait-ce que dans d’autres choses. Et en même temps, ce qui a marché dans ma carrière, j’essaie de le transmettre au mieux. Même si tous les contextes sont différents, le football évolue, se développe.
Donc voilà, Dieu merci, je n’ai pas arrêté le football il y a longtemps, ça fait que je suis encore dans la continuité, d’avoir cette double mentalité de joueur et aussi de personne en dehors du terrain. Ça me permet d’avoir une proximité avec les joueurs, ou autres. Donc voilà, je connais un peu, maintenant j’ai un peu de la bouteille comme on dit, de l’expérience par rapport au milieu. Et j’ai eu très vite à me mettre dans le bain de tout ce qui est académie et tout ça, donc j’ai un peu d’avance sur les choses. C’était un peu mon but : préparer les choses, et Dieu a permis que ça se réalise maintenant.
Donc voilà, je continue aussi à côté, par amour, à apprendre, à passer des diplômes, parce que j’aime bien faire les choses bien, comme on dit. Tout le monde aime bien faire les choses bien, mais ce n’est pas tout le monde qui se donne les moyens de faire les choses bien. Voilà, et on est dans cette logique-là.
DI : Quels seront vos principaux axes de travail en tant que directeur du développement ?
MP : Les principaux axes de travail déjà, c’est de mettre en place l’académie le plus rapidement possible en même temps sans se précipiter. Essayer de faire les choses bien, comme je l’ai dit, je vous dis les grands axes, mais après les détails, ça me regarde, ça regarde Coton FC.
C’est un peu ça, c’est-à-dire mettre en place le centre de formation pour qu’on puisse avoir une bonne base. Comme je l’ai dit, je l’ai eu à faire avec l’APJ, mon académie, je veux le transmettre ici, tout en rentrant dans la logique et le contexte du club. Donc, chaque chose est différente, ce n’est pas parce que tu as eu à faire une académie que forcément ça va marcher de la même manière ou autre. Il faut savoir rentrer dans nos moules, comme on le dit, il faut savoir s’adapter, s’intégrer et prendre tout ce qu’il y a autour.
Voilà, je rentre dans un club qui commence à émerger, donc il faut faire attention à faire les choses progressivement et pas trop brusquement. Mettre en place l’académie, les catégories d’âge, et continuer de faire émerger. Comme j’ai dit ils ont été champions sans moi, continuer de faire émerger l’équipe première tout en essayant de lui donner une valeur. Et bien sûr, pourquoi pas qualifier le club dans les phases de poules de compétitions africaines.
DI : La formation des jeunes talents est cruciale pour le football béninois. Quelle est votre vision pour Coton FC ?
MP : C’est un aspect important pour les jeunes Béninois, mais pas pour tout le monde. Mais c’est vrai que, comme on dit, on construit sa maison sur de bonnes bases, sinon ça s’écroule. Il ne faut pas sauter les étapes et voilà, c’est comme je disais, il faut faire en sorte de bien former. De bien former nos jeunes talents, voilà, parce que je vois ici qu’il y a tellement de potentiel, mais maintenant, comment faire émerger, comment faire développer, comment faire mûrir, on peut dire tous les adjectifs qu’on veut pour que justement ce talent, cette pépite brute devienne un diamant, c’est ça la difficulté dans tout ce qui est formation. Et pour ça, il faut aussi de bons formateurs, c’est très important d’avoir de bons formateurs.
C’est pour ça que, moi, de mon côté, si je continue à passer les diplômes, vous savez, quand on parle des licences, ce n’est pas forcément pour être coach, mais pour apprendre, tu apprends beaucoup de choses et je continue d’apprendre, donc c’est pourquoi je continue à passer tout ça. Donc voilà, c’est aussi trouvé des talents. Ils peuvent être là, mais si tu n’as pas les bonnes personnes pour guider, ça ne peut pas avoir les résultats souhaités. Donc c’est ça, on continue d’apprendre et de faire en sorte de s’inspirer des plus grands pour essayer de se rapprocher le plus possible de l’excellence, tout en étant conscient du potentiel et de ce que l’on a sous la main, sans se surestimer mais sans se sous-estimer non plus, c’est très important..
DI : Le recrutement est également un pilier du développement d’un club. Avez-vous déjà une stratégie en tête pour attirer de nouveaux talents ?
MP : Oui bien sûr, j’ai ma stratégie, j’ai ma manière de faire, j’ai commencé depuis longtemps en étant joueur, j’ai toujours eu à donner un petit coup de main à placer des frères, petits frères comme je dis souvent sollicités. Par rapport à ça, comme je dis, c’est quelque chose que je connais. Je ne dis pas que je suis le meilleur, mais je ne suis pas le pire dans ce domaine-là (rire), donc je vais faire comme j’ai eu à faire et j’ai compris un peu la politique du club, du marché, surtout ici au Bénin ou ailleurs. Donc voilà, j’ai un peu d’expérience par rapport à ça, je sais maintenant par expérience comment m’entourer et comment travailler par rapport à ça, donc comme j’ai dit, c’est l’idée, mais après les détails, ça me revient un peu.
DI : Coton FC ambitionne de devenir une référence sur la scène nationale et continentale. Quels sont, selon vous, les défis à relever ?
MP : Oui c’est ça, on veut rentrer sur la carte de l’Afrique pour le club et pour le pays, surtout parce qu’on est en compétition localement, mais quand demain on le voit dans les autres pays, notamment en Europe, le PSG, Marseille, les grandes écuries, seront en concurrence localement parlant, mais après, quand on voit qu’une équipe émerge, avance dans les compétitions européennes, tout le pays supporte ce club-là. Et supporter Marseillais et Parisien, même si je vais à l’extrême, mais on va dire, voilà, c’est inversement séparé pour les équipes nationales. Donc, il est important de faire en sorte que l’on puisse parler du pays, tout en continuant à être performant dans son propre pays, pour la référence et un modèle, un exemple à donner aux autres. C’est un peu l’idée.
J’ai eu à le dire plusieurs fois dans des reportages, dans mes interviews à l’époque où j’expliquais que c’est l’avenir de demain et ça doit donner envie de venir nous titiller, ça doit élever le niveau. Et mon but, c’est un petit peu ça, d’élever le niveau pour que tout le monde suive et qu’on se dise, bon, on ne va pas laisser ce club-là tout seul émerger, on veut aussi évoluer. Que nous aussi, bah voilà, ça donne des idées. Je sais qu’avec la plus grande des humilités, mon arrivée a fait un petit peu, même si sur 100 %, c’est 1 %, tant mieux, bouger les choses et donner envie aux gens d’élever un petit peu le niveau. Alors voilà, c’est comme je dis, j’ai prouvé en tant que joueur, maintenant moi aussi je dois prouver aussi, mais quand je dis prouver, je suis quelqu’un qui dit que je n’ai rien à prouver à personne.
Même à titre personnel, avoir de bons résultats fait en sorte que je sois « crédible » lorsqu’on m’amène, ne serait-ce qu’on m’amène aussi pour le peu et de dire voilà, il est venu ici, ça va donner envie aux autres aussi d’élever le niveau. Donc, je suis un peu dans cette mentalité et cette logique, et ne pas venir ici en tant que « spectateur » ou autre, mais être vraiment… après les années, on vous dira que je dors pas, non, je suis à fond et je ne compte pas m’arrêter en si bon chemin.
DI : Votre nomination s’inscrit dans une dynamique de professionnalisation du football béninois. Comment comptez-vous contribuer à cette transformation ?
MP : Le football béninois est à la recherche de se professionnaliser de plus en plus, et si des personnes comme moi ou d’autres arrivent à venir ou revenir et mettre leur pierre à l’édifice pour, comme je disais précédemment, élever le niveau, pourquoi pas, c’est le but. Donc, comment je compte faire ? C’est en étant un « modèle ». Quand je dis modèle, tout le monde a besoin de modèle et Coton doit être un modèle, le Bénin doit être un modèle. Donc, pour ça, il y a plusieurs méthodes, il y aura des moments faciles, il y aura des moments difficiles, il y aura des moments de doute, il y aura des moments de joie, de peine, etc. Mais c’est tout ça qui te forme, c’est tout ça qui te fait progresser.
Voilà, on se doit d’être chacun dans son rôle, chacun dans la même ligne, la même mentalité, et là où on est, essayer d’être le meilleur et pas se contenter, parce qu’on a un petit peu ce problème au Bénin. C’est qu’on aime se contenter des choses, on ne veut pas aller plus haut. J’ai ma petite place ici, je suis dans mon petit championnat, je suis dans ma petite plage, dans mon petit coin. Maintenant, c’est ça, se contenter du minimum et quand c’est comme ça, on n’a pas l’esprit de compétiteur. Le Béninois doit être encore plus compétiteur, il a le potentiel d’être comme ça. Aujourd’hui, on le voit dans le pays, il y a un développement, il faut qu’on suive cette dynamique-là et montrer que nous aussi, on peut être là où les autres sont.
DI : Quel message adressez-vous aux supporters de Coton FC ?
MP : Chaque dimanche, chaque samedi, chaque week-end, on va dire, venez nous supporter sans relâche. Je reçois d’énormes messages de soutien, d’attente, d’espoir ou autre, donc ça donne envie, ça motive. Et après, me connaissant un peu, vous savez que j’ai toujours eu un franc-parler, j’essaye au maximum d’être moi-même. Comme tu me vois dans les médias, c’est comme ça, je suis dans la vraie vie et c’est pourquoi, quand je parle de ça, j’essaye de ne pas faire rêver, j’essaye de montrer du résultat et c’est ce que je dis aux supporters que je croise : continuez à jouer leur rôle et nous, on va faire les nôtres.
Qu’ils ne s’inquiètent même pas. Il y aura des moments faciles, difficiles, etc. comme je l’ai dit précédemment, mais nous, de notre côté, on va continuer à faire notre travail. Il ne faut pas lâcher l’affaire quoi qu’il arrive, des vrais supporters, peu importe les situations, ils sont derrière leur club, leur équipe, leur pays. Les vrais compétiteurs, peu importe la situation, ils ne lâchent pas l’affaire, ils vont au bout de leur objectif. Et quand les deux se réunissent, s’unissent, ça peut donner que de bons résultats.
DI : Quel est votre plus grand rêve pour Coton FC dans les années à venir ?
MP : Mon plus grand rêve, vous savez, quand on est un compétiteur, on ne s’arrête pas de rêver, c’est de mettre Coton au plus haut niveau sur la scène locale comme internationale, ça c’est clair, il n’y a pas débat. Mettre Coton sur la carte de l’Afrique, voilà, devenir un club qui est régulièrement qualifié pour les compétitions continentales, amener le plus de joueurs possible en équipe nationale, donner envie aux autres clubs de tirer les autres clubs vers le haut. Si on peut être le lièvre par rapport à ça et tirer les autres vers le haut… Un lièvre qui dure longtemps, parce que le lièvre ne peut pas être devant et après, il va derrière (rire). Si on peut être, en tout cas, l’élément déclencheur qui fait que tout un pays va suivre, ça dans mes discours, dans mes dires, vous vous remarquez bien, je parle beaucoup de ça. Je dis que je ne veux pas, ce n’est pas de l’égoïsme, en fait, je veux qu’on soit là pour que tout le monde vienne, c’est ça que je veux, pour que tout le pays soit à un certain niveau. Je ne me dis pas que c’est que Coton et puis voilà, je m’en fous, pas du tout. Je suis dans une logique que je veux que le pays émerge, pas Coton seulement, mais pour faire ça, il faut des éléments déclencheurs, il faut des modèles, c’est comme quoi tu es dans une équipe. Si tu veux que ton équipe suive et si toi, tu as le niveau pour, bah vas-y, toute l’équipe va te suivre, être un leader technique, être un leader sur le terrain. Je veux qu’on soit un club leader qui va donner envie aux autres de nous suivre.
DI : Une dernière question : Vous passez actuellement la licence B de la CAF et avez déjà coaché à Chypre. Peut-on imaginer un avenir en tant qu’entraîneur ?
MP : Oui, je l’ai dit précédemment, je passe mes diplômes, pas pour être tout de suite entraîneur ou autre. Après, la vie, Dieu seul sait comment ça va se passer. Par exemple, je n’ai pas prévu d’être tout de suite entraîneur en Chypre, c’était une opportunité, une occasion qui m’a beaucoup servi. Donc voilà, aujourd’hui mon objectif, c’est d’être directeur du développement pour que le club de Coton émerge. Je ne pense pas du tout à un poste d’entraîneur ou quoi que ce soit. Tous les diplômes que je peux avoir dans la poche à cette heure-ci, je suis vraiment concentré sur mon travail et c’est tout ce qui m’intéresse. Le reste, on verra s’il y a quelque chose à voir, mais pour l’instant je ne pense qu’au développement de Coton FC. Merci.
Interview & Transcription : NEL CHARBEL KOFFI