Football féminin au Bénin : Quand des joueuses se hissent en karatékas
- janvier 23, 2025
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La pelouse transformée en tatami pour une affaire de gris-gris
Ce qui ne va pas à la bouche, on ne le met pas dans la bouche, dit l’adage. Mais au Bénin, nous avons tendance à faire les choses de travers. Cette fois-ci, non seulement ils ont mis le poison à la bouche, mais ils l’ont soigneusement inhalé. Pour quelle fin ? Si, par le passé, nous avons souvent énoncé le manque de professionnalisme et la gestion dépassée des dirigeants dans l’organisation des championnats professionnels au Bénin, ces faits nous donnent encore raison. Loin de chercher un coupable à qui porter le chapeau, il faut dire que c’est toute l’organisation qui est malade.
Le samedi 4 janvier dernier, un fait surréaliste, digne d’un film d’action nollywoodien, s’est produit à Cotonou, précisément au stade René Pleven, à l’occasion du match en retard de la troisième journée de la deuxième division féminine. , qui opposait l’AS Cotonou à l’ASOD.
Selon les faits rapportés par l’un des camps concernés
« Ce samedi 4 janvier 2024, lors du match en retard de la 3ᵉ journée de la D2 au stade féminin René Pleven, une affaire de gris-gris a déclenché une grande bagarre entre quelques supporters et ensuite entre les joueuses des deux équipes : AS Cotonou et ASOD.
Les deux équipes sont rentrées aux vestiaires sur le score de 0-0 à la mi-temps, avec un penalty manqué par l’ASOD malgré une légère domination des filles de l’AS Cotonou.
En seconde mi-temps, les filles de l’AS Cotonou sont revenus avec plus de détermination et ont assiégé le camp adverse pendant le premier quart d’heure, avec plusieurs occasions nettes non concrétisées.
Le match se déroulait bien, avec une nette domination des filles de l’AS Cotonou, jusqu’à ce qu’un vieil homme, membre du staff de l’équipe de l’ASOD assis sur le banc de touche, donne un objet noir à une joueuse. Le staff technique de l’AS Cotonou a immédiatement signalé cela à l’arbitre, qui a interpellé la joueuse et lui a demandé de montrer ses mains, mais avait elle déjà glissé l’objet sous sa langue.
Quelques minutes plus tard, elle a retiré l’objet de sa bouche et l’a jeté dans le camp de l’AS Cotonou. Mais l’objet a roulé vers un jeune ramasseur de balles, positionné derrière le but, qui l’a récupéré et transmis au chargé de matériel de l’AS Cotonou.
Ce coup n’ayant pas marché, le même vieil homme a demandé à une joueuse, qui était sur le banc, d’aller se déshabiller (elle a enlevé son maillot de match). Sous les instructions du vieil homme, qui lui a remis un autre objet, elle s’est dirigée vers le camp de l’AS Cotonou.
Elle a été bloquée par un membre du staff de l’AS Cotonou, qui revenait des soins avec le kiné, pour l’empêcher de s’approcher des filets et d’y jeter quelque chose… Tout le public ayant vu la scène. Un responsable de l’équipe d’ASOD (le fils de l’ancien gardien de but Imorou Soumaila), est descendu des tribunes en courant pour récupérer chez la fille le gris gris et à son tour maintenant de vouloir forcer le passage pour jeter dans le but de l’As Cotonou.
Cette perturbation autour du terrain a amené une interruption momentanée du match par les arbitres afin de gérer la situation et ramener le calme.
C’est sans compter avec la détermination des membres du staff de l’équipe d’ASOD, notamment le coach et le vieux qui ont fait appel à trois filles sur le terrain et ont remis des trucs à 2 d’entre elles avec comme consigne de forcer et de jeter dans les buts de l’As Cotonou. Les joueuses de AS Cotonou voyant les 3 joueuses d’Asod courir vers leur camp, ont essayé de leur bloquer la voie et c’est là qu’une d’entre elles porta un coup a une joueuse de AS COTONOU et une bagarre générale a démarré entre les filles sur le terrain.
Les responsables des deux équipes sont montés sur le terrain pour séparer les filles et calmer les tensions qui ont débordé au niveau des dirigeants et supporters…»
Et si le ridicule pouvait tuer ? Même si, dans ces faits, il y a un semblant de vérité, est-ce une raison d’assister à de tels événements malheureux ? Les images sont insoutenables, et les vidéos, tout aussi choquantes. Supporters, joueuses et membres des staffs se transforment en boxeurs pour se faire justice. Des coups de poing, des coups de pieds et autres pleuvaient comme jamais. C’était le sauve-qui-peut.
Cependant, là n’est pas la souffrance. À qui incombe la responsabilité de cette tragédie ? Aux clubs ? Aux supporters ? Aux joueuses ? Aux dirigeants ?
Où est passée la sécurité dans nos stades ? Est-il normal de dérouler un match de championnat professionnel de deuxième division sans aucune sécurité sur le terrain, aucun homme en uniforme ni aucune garantie d’un secours en cas de force majeure ?
Pour une affaire de gris-gris, imaginaire ou pas, au XXIᵉ siècle, on transforme un terrain de football en un ring de boxe. Tout porte à croire que l’évolution des mentalités, et surtout du football professionnel béninois, n’est pas pour demain. Néanmoins, à qui incombe la responsabilité ? Quelles seront les sanctions à venir ? Les questions restent posées.
Nel Charbel KOFFI