Vatican : Le pape François s’est éteint ce matin à l’âge de 88 ans
- avril 21, 2025
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Le Vatican a annoncé ce lundi 21 avril la mort du pape François, survenue à 7h35 du matin. Premier souverain pontife latino-américain et premier jésuite à accéder au trône de Saint-Pierre, Jorge Mario Bergoglio s’est éteint à l’âge de 88 ans, après avoir souffert récemment d’une double pneumonie.
« Chers frères et sœurs, c’est avec une profonde tristesse que je dois annoncer le décès de notre Saint-Père François », a déclaré le cardinal Kevin Farrell, sur la chaîne de télévision du Vatican. « À 7h35 ce matin, l’évêque de Rome, François, a rejoint la maison du Père », a-t-il ajouté.
Un pontificat marqué par l’exception
Élu en mars 2013 à l’âge de 76 ans, après la démission surprise de Benoît XVI, le pape François n’imaginait pas alors régner aussi longtemps. « Deux ou trois ans, et puis à la maison du Père! », avait-il plaisanté en 2014, soulignant avec humilité la brièveté qu’il envisageait pour sa mission.
Mais pendant plus d’une décennie, François a incarné une papauté de rupture, de simplicité et d’engagement social. Son pontificat a été marqué par une volonté constante d’ouvrir l’Église aux défis contemporains, tout en jonglant avec des positions parfois conservatrices.
Un chemin semé d’épreuves de santé
Depuis plusieurs années, l’état de santé du pape argentin préoccupait. Ayant subi l’ablation partielle d’un poumon dans sa jeunesse, il s’est montré courageux face aux nombreux problèmes de santé survenus ces dernières années. Il se déplaçait en fauteuil roulant depuis 2022, souffrait de douleurs chroniques au genou, utilisait un appareil auditif, et avait été hospitalisé à plusieurs reprises : opération du côlon en 2021, hernie abdominale en 2023, bronchite en 2025…
Malgré ces défis, François n’avait jamais ralenti la cadence. En septembre dernier encore, il entreprenait un voyage marathon de douze jours en Asie du Sud-Est et en Océanie, son plus long déplacement depuis le début de son pontificat.
D’un quartier modeste de Buenos Aires au sommet de l’Église
Né en 1936 à Buenos Aires dans une famille modeste d’origine italienne, Jorge Mario Bergoglio reste toute sa vie fidèle à ses racines simples. Son père travaillait dans les chemins de fer, sa mère élevait les enfants. Jeune homme discret mais brillant, il obtient un diplôme de technicien chimiste avant d’entrer dans la Compagnie de Jésus à 21 ans. Il est ordonné prêtre en 1969.
Son ascension au sein de l’Église est régulière : évêque auxiliaire en 1992, archevêque de Buenos Aires en 1998, puis cardinal quatre ans plus tard. Dès 2005, son nom circule parmi les papabili lors du conclave qui verra finalement l’élection de Benoît XVI. Huit ans plus tard, après la renonciation inédite de ce dernier, c’est à lui que les cardinaux confient la charge de guider l’Église.
« Les cardinaux sont allés me chercher au bout du monde », avait-il lancé avec humour après son élection, marquant déjà la singularité de son parcours.
Un pape engagé pour les causes sociales et environnementales
Très vite, François se distingue par une parole forte, tournée vers les plus vulnérables. La défense des migrants devient l’un des axes majeurs de son pontificat. En juillet 2013, à peine élu, il se rend à Lampedusa, symbole de la crise migratoire en Méditerranée, pour dénoncer « la mondialisation de l’indifférence ».
Son encyclique Laudato si, publiée en 2015, devient l’un des textes les plus marquants de son pontificat. Ce cri d’alerte écologique invite l’humanité à repenser radicalement ses modes de vie, de production et de consommation. Le pape y qualifie le changement climatique de « défi majeur » pour notre temps.
Entre ouverture et tradition
Si François a voulu faire entrer l’Église dans le XXIe siècle, il n’a pas toujours rompu avec les traditions. Sur la question de l’homosexualité, il adopte une posture nuancée : il dénonce la criminalisation mais rappelle que, selon la doctrine catholique, il s’agit d’un péché. Quant au mariage des prêtres, il admet en 2023 que le moment n’est pas encore venu d’abolir le célibat obligatoire, même s’il reconnaît que cela pourrait changer sous un futur pape.
Face aux scandales d’abus sexuels, François se montre ferme. Il exprime sa honte, demande pardon aux victimes et initie des réformes structurelles : levée du secret pontifical, obligation de signaler les abus, mise en place de nouvelles règles de transparence.
En interne, sa réforme de la Curie romaine, notamment dans le domaine financier, rencontre des résistances. « C’est là que j’ai trouvé les plus grands obstacles au changement », confiait-il en début d’année dans son livre Espère.
Une personnalité singulière
Au-delà de ses fonctions, François était aussi un homme simple et cultivé. Amateur de littérature, lecteur de Borges, passionné de poésie, il était également un fervent supporter du club de football San Lorenzo. Il avait pourtant renoncé à regarder la télévision depuis 1990, après avoir été choqué par certaines images.
Son style direct, son langage accessible, ses gestes concrets resteront gravés dans la mémoire collective. François ne s’est jamais comporté comme un monarque, mais comme un pasteur. Le « pape des pauvres », comme on l’appelait souvent, aura incarné une figure profondément humaine, sincère, parfois controversée, mais toujours fidèle à sa vision d’une Église plus proche des gens.
Nel Charbel KOFFI